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L’empowerment maternel par l’activité physique.

future maman

La grossesse est souvent considérée comme un moment sacré et délicat dans la vie d’une femme.

Cependant, il existe encore de nombreuses idées préconçues et jugements sociaux autour des femmes enceintes, en particulier lorsqu’elles choisissent de continuer à faire du sport.

Cette stigmatisation met en lumière un problème plus profond dans notre société : la perception du corps de la femme enceinte comme étant fragile et incapable, plutôt que puissant et adaptable.

Dans cet article, nous explorerons les préjugés contre les femmes enceintes qui font du sport, en soulignant la prise de pouvoir sur leur grossesse (l’empowement/empuissancement) à travers l’activité physique.

Les stéréotypes et les jugements sociaux

Les femmes enceintes qui font du sport se heurtent souvent à une myriade de stéréotypes et de jugements

Certaines personnes les voient comme irresponsables, mettant en danger la santé de leur enfant à naître en pratiquant des activités physiques perçues comme risquées. D’autres les jugent égoïstes, privilégiant leur propre bien-être, voire leur ligne et leur apparence, au détriment de la santé de leur bébé. Ces attitudes reflètent une mentalité profondément enracinée dans notre société, selon laquelle la maternité doit être synonyme de sacrifice total et de mise en suspens de soi-même.

Sabrina (sur la photo) a fait beaucoup de sport pendant sa grossesse, elle a adoré et ça lui a permis d’être hyper à l’aise dans son corps. Cette pratique l’a renforcée et elle a su prendre avec les regards interrogateurs une distance qui l’a rendue plus forte. 

j’adorais voir le regard des gens qui avaient l’air assez surpris de voir une femme enceinte faire du renforcement musculaire avec des charges (bien plus légères qu’en temps normal). J’avais souvent le droit à cette phrase : « tu veux accoucher ici »”

Sabrina est coache sportive, est est spécialisée dans la perte de poids post-partum. Découvre son compte insta fitbysab.

La médicalisation des grossesses

Ces jugements trouvent leurs racines au croisement de l’amélioration des techniques médicales permettant le suivi des grossesses (échographie, monitoring, etc) et de l’absence d’études scientifiques sur les effets du sport sur la grossesse. 

Dans les années 60, il existe de plus en plus d’outils pour prendre en charge les grossesses, mais pour autant on étudie très peu les interactions mères/environnement/foetus. S’en suit une surmédicalisation des grossesses, qu’elles soient physiologiques ou pathologiques, et un “précautionnisme” extrême pour prévenir fausses couches et malformations, faute d’en avoir compris les causes réelles. 

Les nombreuses fausses couches du premier trimestre sont alors imputées, à tort, au comportement de la maman. On pense alors que le moindre “faux pas” peut mettre le bébé en danger. Même si l’on sait aujourd’hui que les fausses couches naturelles du premier trimestre sont dues à la santé du fœtus, qui n’est pas viable, il est encore très courant de voir des femmes qui “font attention” pendant les trois premiers mois sans pour autant avoir de contrindication médicale.  

Anne sophie cours enceinte et avec ses enfants
Anne-Sophie, enceinte de sa fille, cours avec ses deux premiers enfants.

C’est le cas d’Anne-Sophie. Cette maman de trois enfants s’est restreint dans sa pratique sportive pendant ces deux premières grossesses car elle pensait que le sport était contre-indiqué, et a connu tous les désagréments d’une grossesse sédentaire : Lombalgie, prise de poids excessive, fuite urinaires en post partum… 

Quand pour sa troisième grossesse la gynécologue  lui annonce qu’elle peut continuer de courir et même faire son premier marathon à 10 SA, 

“ C’est Noël.”

Aujourd’hui, alors que sa fille a un an et qu’elle a déjà pu courir un semi-marathon avec elle.

"Mais comment la société peut dire autant d'horreur et induire la femme enceinte en état de sédentarité quand on sait les problèmes que ça lui apporte !".

Mais pourquoi si peu d'études?

Ces disparités dans la recherche médicale peuvent s’expliquer par plusieurs facteurs. Tout d’abord, il y a une longue histoire de sous-représentation des femmes dans les études cliniques, en particulier celles en âge de procréer ou enceintes, en raison des préoccupations éthiques et des défis logistiques liés à leur participation. De plus, les femmes enceintes sont souvent exclues des essais cliniques par crainte de nuire au fœtus, ce qui limite encore davantage les données disponibles sur les effets de divers facteurs, y compris l’exercice physique, pendant la grossesse.

Il existe également des obstacles structurels et culturels qui limitent l’accès des femmes à la recherche et à la prise de décision dans le domaine médical. Les femmes sont souvent sous-représentées dans les postes de leadership au sein des institutions de recherche et des organismes de financement, ce qui peut influencer les priorités de recherche et les ressources allouées à des domaines spécifiques, tels que la santé maternelle. Les sujets spécifiquement féminins  sont les enfants pauvres de la recherche médicale. 

Enfin, il y a un manque de sensibilisation et d’éducation sur l’importance de la recherche sur la santé des femmes, y compris pendant la grossesse. Les préjugés et les stéréotypes de genre persistent dans la société et peuvent influencer la manière dont les ressources sont allouées et les décisions sont prises en matière de recherche médicale. Cette lacune dans la recherche médicale a des répercussions importantes sur la manière dont les femmes enceintes sont conseillées et traitées pendant leur grossesse. Sans données solides pour étayer les avantages et les risques potentiels de l’activité physique pendant la grossesse, les professionnels de la santé peuvent être réticents à recommander une pratique sportive aux femmes enceintes, ce qui contribue à perpétuer les stéréotypes et les jugements sociaux autour de ce sujet.

 
 

Le contrôle masculin sur la grossesse.

La deuxième origine s’encre dans les fondements du patriarcat.

L’homme, n’ayant qu’un rôle très limité dans la naissance d’un enfant est démuni face à l’évolution de la santé de l’enfant à naître. Exercer un contrôle sur les mères permet à la gente masculine d’exercer un contrôle sur le développement de l’enfant. 

Grâce à l’avènement de données scientifiques sur le sujet, et à un travail de déconstruction entamé par beaucoup d’hommes, les pères sont en train d’évoluer dans leur perception et leur implication dans le processus de la grossesse et de leur paternité. Cependant, malgré cette évolution, la crainte de ne pas être en mesure de maîtriser des aspects cruciaux de ce processus persiste chez certains d’entre eux. Cette appréhension peut être atténuée et ajustée par une nouvelle posture masculine dans la société, mais elle ne disparaît pas complètement.

Dans une société patriarcale, le corps des femmes est souvent régulé et surveillé, avec des attentes strictes en ce qui concerne son apparence, ses fonctions et ses comportements. Les femmes enceintes qui s’éloignent de ces normes risquent d’être jugées et critiquées, car elles remettent en question les constructions sociales autour de la maternité et de la féminité.

Les réalités médicales et scientifiques

Retrouve sur cet article de bons conseils pour trouver le bon sport pour ta grossesse (à savoir, celui que tu aimes) et connaître deux ou trois points qui permettent d’adapter ta pratique en toute sécurité.

Pour aborder avec justesse la question du sport pendant la grossesse, il est important de différencier les grossesses physiologiques, qui représentent 80% des grossesses et ne nécessitent pas de précautions particulières, des grossesses pathologiques, pour lesquelles il faudra un avis médical pour pratiquer et adapter l’activité physique qui dans la plupart des cas n’en sera pas moins bénéfique. 

De nombreuses études ont montré que l’exercice pendant la grossesse a des effets bénéfiques pour la santé de la mère et du bébé. 

Pour les grossesses physiologiques, le RDV mensuel chez la sage femme (ou gynécologue) sera amplement suffisant pour s’assurer que la grossesse se déroule bien.  Une pratique sportive adaptée sera alors largement possible, à partir du moment ou la future maman reste à l’écoute de ces sensations et a une bonne connaissance de sa physiologie.

De nombreuses études sont très techniques et souvent en anglais. Mais je vous propose deux ressources accessibles, et en français:

La réappropriation du corps et de la maternité

Reprendre le contrôle au cœur des bouleversements.

La pratique d’une activité physique prénatale permet d’accompagner et d’apprivoiser les changements du corps pendant la grossesse.

En plus des effets physiques attendus, elle exerce également une influence positive sur le bien-être mental de la future maman. En se concentrant sur le mouvement et la force de leur corps, les femmes enceintes renforcent leur sentiment de contrôle sur les transformations qu’elles vivent.

Le sport est un enjeu pour la santé physique mais aussi mentale.

En reprenant le contrôle sur leur corps et leur expérience de la maternité, les femmes refusent de se conformer aux attentes sociales restrictives et affirment leur capacité à être des individus actifs et en bonne santé, même pendant cette période de leur vie. Cette réappropriation du corps est un acte profondément féministe, car elle remet en question les normes patriarcales qui cherchent à contrôler et à restreindre le corps des femmes.

. Retrouve dans cet article les effets de l’activité physique sur le bien-être des futures et jeunes mamans.

Le témoignage de Sophie " De la maternité pantouflarde à la maternité sportive."

En 2006, Sophie a vécu tous les effets négatifs d’une grossesse sédentaire. Elle prend 19 kg et accouche, à bout de force, par césarienne. Elle le vit mal mais pense que c’est normal. Elle continue à grossir après sa grossesse pour atteindre 98 kg. Sa santé est en danger, sa première grossesse l’a amenée à une obésité morbide. Elle subit une opération lourde de l’estomac, le bypass gastrique, et commence le sport. 

Elle souhaite un deuxième enfant mais la prise de poids la hante et elle repousse le projet. En 2021, elle ose enfin sauter le pas : elle est enceinte. En 15 ans, le vent a tourné dans la sphère médicale, et elle est suivie par un gynécologue qui l’encourage à continuer sa pratique sportive. La peur de la prise de poids est néanmoins là.

 

« Très vite je SAIS! Cette fois-ci, le sport sera ma ligne de conduite pendant 9 mois. Je cours jusqu’à 5 mois,  j’adore ce que ça me procure, j’ai le contrôle sur mon corps, j’ai pris 4 kg… Quand je parle de contrôle ce n’est pas un mot au hasard, sans signification… Mon addiction c’est la bouffe; le poids ma hantise… Je ne suis pas prête à faire de concession sportive tant que mon bébé va bien, je me sens forte, certainement grâce aux hormones et à ce petit gars qui fait de nous des sportifs hors du commun.  Je sens qu’on crée quelque chose lui et moi, mon coloc comme j’aime le dire. 

À 6 mois, le désaccord avec ma vessie prend tellement d’ampleur et me force à passer au vélo; autant vous dire que je n’ai jamais autant pédalé de ma vie. 350 km sur le mois de mai 2021. J’accompagne (enfin nous accompagnons) Tom, mon conjoint, sur toutes ces sorties, je fais 10, 20, 30 km de vélo à chaque fois. C’est drôle car plus le terme approche, plus mon ventre se voit, plus je me sens exceptionnelle dans cette condition de future maman active et sportive. On ne va pas se mentir, le soir je suis cuite de mes journées à 100 à l’heure mais la satisfaction du contrôle et du bien-être ressenti me poussent à reproduire jour après jour ce schéma. 

C’est incroyable de voir que le corps suit la cadence, j’hallucine sur la performance qu’il est en train de faire et qu’il me permet de faire. J’aime ce que je fais, j’aime la façon dont mon corps réagit à l’effort que je lui demande de faire, j’aime garder le contrôle sur moi-même et me sentir forte.

Le 27 août signe le dernier jour d’efforts. Avec Tom, on sort marcher 4 km, je m’offre le luxe de courir, il faut qu’il sorte le petit bonhomme. Le lendemain matin à 10h, je suis à la maternité, à 18h26 Eliott naît, par voie basse. Les soignants sont unanimes, j’ai eu raison d’avoir été à l’écoute de mes envies et de mon corps. 

Le sport m’a permis d’arriver à terme et de préparer mon corps pour ce jour sans complication. Le sport m’a également permis de créer un lien fort avec mon petit garçon avant même qu’il soit dans mes bras. Il a été mon équipier pendant 9 mois. »

C’est quoi le problème avec le fait de prendre soin de soi?

Avant de conclure, reprenons un levier de culpabilisation que je trouve extrêmement dérangeant. Dans les nombreuses critiques reçues par les futures mamans, l’accusation d’égoïsme revient souvent.  On reproche aux femmes enceinte de vouloir prendre soin de leur corps, de leur apparence, de vouloir garder une bonne condition physique. On culpabilise les mamans qui ne sont pas dans le sacrifice le plus total. 

Dans une société où le fait de prendre soin de sa santé et de son corps est de plus en plus mis en avant, (et tant mieux) je suis choquée par l’idée qu’on puisse reprocher à quelqu’un de prendre soin de soi. 

Alors même si cela semble évident, il semble utile de rappeler que le bébé étant complètement dépendant , physiquement, de la maman pendant les 9 mois de gestation, de toute évidence, la bonne santé physique et mentale de la maman lui sera bénéfique.

En conclusion, il est temps de reconnaître que les femmes enceintes qui font du sport ne sont pas des exceptions, mais plutôt des exemples de force, de détermination et d’autonomie. Avec MomOut, j’ai l’objectif de participer à la promotion de l’activité physique prénatale, mais aussi de donner à toutes les futures mamans les clés pour reprendre le contrôle sur leur grossesse et leur maternité. 

En brisant les stéréotypes et en rejetant les jugements sociaux, nous pouvons créer un environnement où toutes les femmes se sentent libres de prendre soin d’elles pendant la grossesse, sans crainte de répercussions négatives. 

En encourageant et en soutenant les femmes dans leur choix d’exercices pendant la grossesse, nous contribuons à renforcer leur empowerment et à créer un monde plus tolérant et juste pour les futures mamans.

Si tu es enceinte ou jeune maman, tu peux rejoindre le groupe maternité sportive pour partager avec d’autres femmes qui grâce à l’activité physique et sportive, s’entraident et s’inspirent pour garder le contrôle sur leur maternité.

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