
Fanny Coulon est accompagnatrice en montagne. Elle a fondé Parenthèse Sport Nature et propose des expériences insolites en pleine nature (randonnées, trail, Natur’O Games …). Elle propose des séjours 100% féminins et devrait bientôt développer des séjours en lien avec la maternité.
Instagram : _fannycoulon_
Grossesse et montagne. On dit souvent ce duo incompatible. Pourtant, profiter de l’air pur de la montagne pendant sa grossesse ne comporte pas de dangers. MomOut vous explique comment profiter des bienfaits de la montagne et de ses activités tout en étant enceinte et déconstruit les mythes qui l’entoure.
Les futures mamans qui souhaitent se rendre à la montagne durant leur grossesse sont nombreuses à avoir entendu ou lu un avis négatif : « il ne faut pas aller en altitude enceinte, le bébé pourrait manquer d’oxygène », « tu ne pourras rien faire à la montagne enceinte », « c’est dangereux », « s’il t’arrive quoi que ce soit à toi ou au bébé, tu es très loin de l’hôpital », … Bref, les idées reçues perdurent et transmettent des peurs et des angoisses à celles qui aimeraient prendre de l’altitude avec leurs ventres ronds.

L’altitude
Et en parlant d’altitude, il est légitime de se demander s’il y a un risque à prendre de la hauteur durant la grossesse. Et bien la réponse est plutôt non à nos altitudes françaises. Ella Saad, sage-femme libérale en Haute Savoie nous en dit plus :
« Une future maman en bonne santé qui souhaiterais se rendre en altitude peut tout à fait y aller sans risque particuliers et majeurs pour elle ou son bébé. Le corps de la maman s’adaptera pour que le bébé puisse avoir toujours une très bonne oxygénation à disposition. Elle peut néanmoins dans un premier temps, ressentir un peu d’essoufflement dans son quotidien. »
Le regard du corps médical
Mais alors d’où viennent toutes ces précautions, parfois même ces interdictions de se rendre en montagne qui sont faites aux femmes durant leur grossesse ? La méconnaissance du corps médical au milieu montagnard et le principe de précaution sont deux des principales raisons. Dans le doute, et faute de connaissances, les médecins, gynécologues et sage-femmes préfèrent parfois interdire aux femmes enceintes d’aller à la montagne. « Les professionnels de santé ne sont pas tous formés au milieu sportif et/ou à la montagne. C’est surement une des raisons de leur méfiance », ajoute Ella Saad avant d’ajouter : « Au Népal, les femmes vivent et ont des bébés à très hautes altitudes toute l’année sans aucun souci et depuis toujours. Par chez nous, à Val Thorens par exemple (centre du village à 2300 m), les femmes poursuivent leurs grossesses chez elles en station sans aucune difficulté particulière et descendrons uniquement en vallée pour l’accouchement (faute de moyen sur place pour accompagner les naissances). »
Locales vs vacancières
Mais voilà qu’arrivent brandissant et victorieux les adeptes du : « Oui mais il y a une différence entre celles qui y vivent à l’année et celles qui ne viennent que pour les vacances. Celles qui y habitent y sont acclimatées. » Alors vrai ou faux cette histoire d’acclimatation ? Dans les faits, il est vrai qu’une personne vivant en altitude toute l’année est bien plus acclimatée qu’une vacancière. Mais là encore, l’acclimatation ne joue en rien sur le bien-être du bébé dans le ventre de sa maman.
Une étude parue en 2012 et intitulée Pratique sportive des femmes enceintes du bassin Grenoblois met en évidence que la randonnée, lorsqu’elle est pratiquée à altitude basse ou moyenne (altitude inférieure à 2500m), n’entraine pas de baisse de la pression en oxygène qui pourrait entraîner des conséquences sur la grossesse et le fœtus.

Quels sports ?
Pour les futures mamans désireuses de côtoyer les sommets durant leur grossesse, vient alors la question de ce qu’elles vont bien pouvoir faire comme activités.
Ella intervient : « Avant toute chose, il y a une différence entre la future maman sportive avant grossesse ou non. Si ce n’est pas le cas, j’aurais plutôt tendance à dire que la pratique d’un sport comme nouvelle activité pendant la grossesse et qui plus est, en montagne, n’est pas forcément la meilleure idée. Ce n’est pas la meilleure période à mon sens pour commencer un sport. Il pourra cependant toujours être possible pour cette maman nouvellement arrivée en montagne et souhaitant être active, de marcher tous les jours au moins 30 minutes. »
Randonnée, raquette ou bien trail et escalade pour les plus expertes : la majorité des sports restent possibles à condition d’être déjà pratiquante, et d’éliminer tous risques de chute.
Fanny Coulon, accompagnatrice en montagne, a vécu sa grossesse à la montagne de manière sportive : « J’ai fait ma dernière rando 10 jours avant d’accoucher ! »
Cette pratiquante de trail, randonnée, vélo, escalade, course d’orientation, ski de fond et ski de randonnée nordique n’a pas souhaité s’arrêter durant sa grossesse en 2019. « J’ai diminué en volume et en intensité mes entraînements mais j’ai couru jusqu’à 7 mois de grossesse. J’ai beaucoup marché en montagne. J’ai eu de la chance, j’avais une sage-femme et une gynécologue qui m’ont soutenu et encouragé à continuer ma pratique en montagne », se souvient-elle.
Une étude de 2019 intitulée Exposition à l’altitude durant la grossesse et réalisée dans le cadre d’un Mémoire de DIU de Médecine d’Urgence de Montagne, indique que la pratique sportive intense et fréquente en montagne durant la grossesse ne met pas en évidence de complications particulières et ne joue pas non plus sur le poids du bébé à la naissance.
Les signes d’alertes
Que ce soit à la montagne ou en plaine, il existe des signes d’alertes à connaître lors de la pratique sportive. Des contractions qui ne se stoppent pas au repos, une fatigue intense, des saignements ou une perte de liquide sont autant de signes qui nécessitent une consultation en urgence. Concernant les risques liés à la montagne ou à l’altitude, il n’y en a pas de spécifiques à la grossesse. « Certaines pathologies pulmonaires ou ORL pré-existantes, peuvent être contre-indiquées avec l’altitude, mais ça n’est pas lié directement à la grossesse », explique Ella avant de reprendre : « Pour la sportive enceinte, si celle-ci ne présente aucun signe d’alerte, ce qu’elle risque, c’est d’être un peu plus essoufflée, plus fatiguée et mettre plus de temps à récupérer, par rapport à son habitude – hors grossesse. »
L’équipement
Enfin, il ne faut pas hésiter à ajuster son équipement à son état. Pour la randonnée, il faut investir dans de bonnes chaussures qui maintiennent la cheville et aient une bonne adhérence de la semelle adaptée au terrain (boue, neige, etc) afin de minimiser les risques de chutes. Une bonne brassière de sport est un autre indispensable afin de soulager la poitrine qui peut devenir plus volumineuse durant la grossesse. Des bâtons peuvent également compléter la tenue afin de s’équilibrer sur les chemins ou dans la neige. Côté sac à dos, ne chargez pas trop et choisissez en un adapté à votre ventre. Si vous vous rendez à la montagne en hiver, plusieurs options s’offrent à vous pour profiter de la neige sans pantalon de ski. Vous pouvez opter pour un legging polaire sur lequel vous ajusterez un sur pantalon de randonnée, souvent bien large à la ceinture élastique. Vous pouvez aussi choisir des guêtres de randonnée qui s’adapteront sur votre legging et vous protégeront de la neige jusqu’aux genoux.
Pour la veste, procurez-vous une veste spéciale grossesse, chaude et déperlante, comme la Winterfriend de Mamalila. Retrouvez également tous les produits destinés aux sports d’hiver.
Dans tous les cas profitez de votre séjour pour vous ressourcez, vous amusez ou vous reposez à l’air pur de la montagne !

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